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Transition du thermique à l’électrique: au Sénégal, les pirogues naviguent propres!

L’Afrique en marche navigue à l’électrique. Une PME sénégalaise, Jokosun Energies, a décidé de proposer aux piroguiers de Casamance et du Sine Saloum de changer leurs moteurs bruyants et polluants par des systèmes électriques, silencieux et économiques. (rediffusion du 09/03/2025) .

Depuis 2018, Jokosun Energies, la société créée par Raymond Sarr étudie les possibilités de remplacer un moteur essence par un moteur électrique sur les pirogues du Sénégal. L’hélice, le corps du moteur ne changent pas, seule la partie carburateur est remplacée par un système électrique alimenté par une batterie rechargée en panneau solaire. Raymond Sarr, est le directeur de Jokosun Energies.

« Ce qu’on propose aux piroguiers, c’est de nous amener leur moteur thermique et nous, avec nos mécaniciens formés et affiliés, on leur transforme ce moteur thermique en moteur électrique. On ouvre le bloc, la carcasse et on remplace le cœur du moteur thermique par un moteur électrique » explique cet ancien technicien aéronautique à Toulouse.

Réduction de 50% des coûts en carburant

«  In fine, le moteur à la même tête. Ensuite, on relie ce moteur silencieux à une batterie. Le piroguier, en faisant cette opération de rétrofit, gagne en rentabilité et en autonomie au jour le jour. Grâce au moteur électrique, il réduit à peu près de 50% ses coûts de carburant et de trois fois ses coûts d’entretien, parce que les moteurs électriques nécessitent beaucoup moins d’entretien que des moteurs thermiques ».

André Jammeh est mécanicien et fait partie de ceux qui ont été formés pour dispenser la solution moteur électrique aux piroguiers.

« Je ne connaissais pas cette technique » admet-il, « mais maintenant, je la connais parce que j’ai transformé quatre moteurs. C’est pour les touristes et leurs pirogues. C’est simple en fait ».

D’autant plus simple que la société, Jokosun Energies propose d’assurer le changement des batteries déchargées par d’autres batteries rechargées, ce qui assure une autonomie presque équivalente à un moteur thermique, explique Raymond Sarr.

« Le piroguier va débourser à peu près 100 000 francs CFA (150 euros), pour faire cette opération de rétrofit. On lui apporte un moteur qu’on lui propose en leasing, il va payer en plusieurs fois et on lui loue des batteries au jour le jour. Tout l’enjeu est de contourner la barrière de l’investissement initial. Le coût de l’engagement pour le piroguier est faible, ce qui lui permet d’accéder et de se rendre compte de tous les bénéfices de l’électrique, en douceur. »

L’avantage de l’électrique, Mame Birra Barro, que l’on surnomme « bio », propriétaire d’une pirogue pour touristes, l’a très vite compris.

Bon pour l’écosystème

« Je trouve que c’est une très bonne idée pour le tourisme. Ça nous donne l’avantage de se rapprocher au plus près des oiseaux parce que c’est plus silencieux, ça ne pollue pas, donc c’est bon pour l’écosystème. Pour les pêcheurs aussi qui pêchent à la traîne, tu ne fais pas beaucoup de bruit. C’est vraiment l’avenir pour nous parce que l’essence ce n’est pas donné et avec les batteries solaires, tu dépenses moins ».

Claire O’neill est la directrice d’un programme appelé Manufacturing Africa pour la coopération britannique. C’est elle qui a cofinancé ce projet d’électrification des pirogues.

« L’idée était de tester une solution d’énergie propre qui présentait un avantage économique. Ce qui est intéressant, dans ce projet, c’est le modèle circulaire. C’est cela qui nous a attirés pour tester ce projet. Le fait que ce soit une innovation, mais une innovation qui est bien adaptée aux besoins des populations locales. On a vu déjà que cela avait un effet très positif sur le trajet que font les piroguiers avec les touristes en termes de prix, mais aussi en même temps, cela préserve l’univers marin ».

Le projet Jokosun ne porte que sur cinq pirogues équipées en Casamance et dans le Sine Saloum, mais l’expérience ayant fait ses preuves, on passera à vingt pirogues électriques dans le courant de l’année.

États-Unis: le chef du renseignement militaire renvoyé après un rapport sur les frappes en Iran

Le gouvernement de Donald Trump a limogé, ce 22 août, le chef du renseignement militaire américain, ainsi que deux responsables de son service. Une décision qui intervient après la publication d’un rapport publié par ce département sur l’efficacité limitée des frappes américaines en Iran. Ce haut gradé est ainsi la dernière victime de ce qui ressemble à une vraie purge politique de Donald Trump dans les services de renseignements.

Aux États-Unis, la raison donnée pour le renvoi du chef du renseignement militaire, ainsi que de deux responsables de son service, est « la perte de confiance ». Mais pour beaucoup, le lieutenant général Jeffrey Kruse serait surtout puni pour son manque de loyauté envers le président américain.

Il y a deux mois, son service du renseignement militaire a en effet publié un rapport préliminaire qui indiquait que les frappes américaines en Iran, contre ses installations d’enrichissement nucléaire, n’auraient retardé ce programme que de quelques mois. Ce qui était l’avis de beaucoup d’experts, mais pas de celui de Donald Trump, qui répète à l’envi que ces bombes avaient « oblitéré » ce programme à jamais. Ce rapport, dont la presse s’est fait l’écho, diffère sensiblement des affirmations du président américain qui martèle que les attaques en question ont totalement détruit les sites nucléaires visés.

Une véritable purge est engagée

Le renvoi de ce militaire reconnu est le dernier épisode d’une purge qui prend des airs soviétiques. Ces derniers mois, une dizaine de chefs des différents corps d’armée ou des agences de renseignements ont été renvoyés à cause de ce « manque de confiance ».

Des membres du gouvernement affirment même qu’ils ne veulent plus aucun cadre nommé par l’administration précédente de Joe Biden, ce qui est loin d’être habituel. Le renseignement et l’armée étant des corps non politiques, censés défendre les intérêts nationaux de sécurité, et non ceux d’un président.

 

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Cameroun: la requête de l’opposant Akere Muna visant à déclarer le président BIYA inéligible jugée «insuffisante»

Le Conseil constitutionnel camerounais a rejeté, en dernier ressort, la requête de l’opposant Akere Muna qui visait à déclarer le président Paul Biya inéligible à l’élection présidentielle du 12 octobre 2025. La demande a été jugée « non justifiée » après une audience d’un peu plus de deux heures.

Pour l’opposant Akere Muna, « l’inéligibilité » du président du Cameroun, Paul Biya, se justifie par ses absences prolongées hors du pays, ou encore par ses rares apparitions publiques où il semble désorienté, selon lui. Pour l’ancien Bâtonnier, le verdict importait moins que le fait d’attirer l’attention sur cette situation. « Il faut que les Camerounais le sachent. Le président Biya n’est pas là, il ne nous gouverne pas. Cela, c’est une chose grave. La postérité va nous juger ».

Seulement, pour Gregoire Owona, Secrétaire général du parti au pouvoir (RDPC) le président est en possession de ses moyens et le conseil n’a fait que dire le droit. « Nous sommes très satisfaits du verdict. Nous étions là avec le directeur du cabinet civil, le ministre Ayolo, qui repartait tout de suite pour une séance de travail avec le président. De quoi voulez-vous parler ? »

Des pièces jugées « insuffisantes »

Pour appuyer sa requête, Akere Muna a présenté une vingtaine de pièces au conseil. Des éléments « insuffisants » pour étayer ses accusations, selon Me Achet Magnigni, l’un des avocats du gouvernement. « Il aurait fallu qu’on produise dans ce dossier un certificat médico-légal du candidat qui a été contesté. Vous avez vu que le demandeur à la requête a avoué lui-même ne pas être en possibilité d’apporter cette preuve ».

C’est la première fois que le Conseil constitutionnel se prononce sur l’éligibilité du président Paul Biya au pouvoir depuis 43 ans. Âgé de 92 ans, l’actuel chef de l’État sera candidat pour un huitième mandat lors de la prochaine élection présidentielle.

Guinée: trois partis politiques suspendus et la campagne pour le référendum constitutionnel reportée

En Guinée, trois partis politiques, dont les deux principales formations du pays, ont été suspendus. Il s’agit de l’UFDG, dirigé par l’ex-Premier ministre Cellou Dalein Diallo, le RPG, ancien parti au pouvoir d’Alpha Condé et le PRP. Ces suspensions interviennent alors que la campagne pour le référendum constitutionnel devait s’ouvrir ce dimanche, campagne qui a été finalement reportée au 31 août, selon un décret lu hier soir à la télévision publique.

Selon l’arrêté pris par le ministre de l’Administration du territoire et de la décentralisation, Ibrahima Kalil Condé, cette décision est motivée par « la situation irrégulière » des partis guinéens concernés. Ils n’auraient pas respecté les obligations de conformité prévues par la charte des partis politiques, malgré le délai de 45 jours qui leur avait été accordé.

Sanctions

Dans un courrier adressé à ces partis, le ministre précise que pendant cette période de suspension, ils sont interdits de toute activité, notamment l’organisation de réunions, de manifestations ou de campagne de propagande. Le ministre Condé précise, en outre, que toute violation expose leurs responsables à des sanctions.

Cette décision intervient alors que les formations concernées font partie des organisations qui appellent à des manifestations contre les autorités transitoires à partir du 5 septembre.

Par ailleurs, l’UFDG est en conflit avec le ministère à propos de l’organisation de son congrès. La Cour suprême doit se prononcer le 28 août sur le sujet, mais voilà le parti suspendu pour trois mois.

La classe politique prise de court

En plus de l’UFDG et du RPG, le Parti pour le renouveau et le progrès (PRP) de Rafiou Sow est également interdit d’activités pour la même période.

Autre annonce qui a pris de cours la classe politique, celle du report de l’ouverture de la campagne pour le référendum du 21 septembre, initialement prévue, dimanche 24 août. Elle débutera le lundi 31 août.

La Guinée devient un point de départ des migrants car « les jeunes ont perdu confiance en la République »

Les départs clandestins de pirogues depuis les côtes guinéennes vers l’archipel espagnol des Canaries se sont multipliés, en conséquence de l’accord migratoire conclu entre la Mauritanie et l’Espagne l’an dernier.

Pourtant, la traversée depuis la Guinée peut durer une dizaine de jours et est extrêmement dangereuse.

En 2024, l’ONG espagnole Caminando Fronteras dénombre 10 457 morts dans l’Atlantique. Entretien avec Elhadj Mohamed Diallo, ancien exilé, qui dirige désormais l’Organisation guinéenne de lutte contre la migration irrégulière.

Mali-Guinée : un cadre de concertation permanent pour renforcer la sécurité transfrontalière

(Agence Ecofin) – La Guinée partage une longue frontière avec le Mali. L’initiative prévoit notamment la mutualisation des moyens sécuritaires, la mise en œuvre d’un protocole sur la transhumance et la réduction des obstacles à la circulation aux frontières.

Le Mali et la Guinée ont convenu de mettre en place un cadre de concertation permanent axé sur la sécurité transfrontalière, à l’occasion d’une visite de travail de deux jours en Guinée du ministre des Maliens établis à l’extérieur et de l’Intégration africaine, Moussa Ag Attaher.

L’objectif principal est de renforcer les relations bilatérales et de faciliter la circulation des personnes et des biens. Les discussions ont porté sur la mise en place de mécanismes efficaces pour assurer la fluidité des échanges économiques et sociaux tout en préservant la sécurité et le respect des législations.

A l’issue de la réunion, plusieurs recommandations ont été adoptées. Elles portent notamment sur la mutualisation des moyens pour faire face aux défis sécuritaires le long des frontières et lutter contre la criminalité transfrontalière. Les participants ont également préconisé la facilitation des échanges commerciaux, la mise en œuvre d’un protocole sur la transhumance entre Etats, ainsi que la réduction des tracasseries aux frontières.

Cette décision intervient dans un contexte régional marqué par une insécurité grandissante au Sahel, particulièrement au Mali. Bien que la Guinée reste jusqu’ici épargnée, elle partage une longue frontière avec le pays. Conakry entend ainsi sécuriser ses zones frontalières tout en soutenant la fluidité des échanges économiques et sociaux.

Ingrid Haffiny (stagiaire)

Edité par M.F. Vahid Codjia

Des experts découvrent comment les hackers russes infiltrent Windows sans être détectés

Bitdefender a identifié un nouveau groupe de hackers pro-russes, baptisé « Curly COMrades ». L’organisation, qui développe de nouvelles techniques d’espionnage notamment via Windows, cible des pays d’Europe de l’Est en pleine transformation géopolitique.

Depuis leur laboratoire, les experts en cybersécurité de Bitdefendeur viennent de documenter l’existence d’un groupe APT inédit. Curly COMrades, c’est son nom, opère depuis mi-2025 en soutien aux intérêts russes, en déployant le malware MucorAgent. Leurs attaques informatiques visent principalement les institutions gouvernementales géorgiennes et les entreprises énergétiques moldaves.

Curly COMrades infiltre les infrastructures critiques d’Europe de l’Est

Les cibles de Curly COMrades dessinent une carte qui ne laisse pas franchement de doute quant à la motivation du groupe. En Géorgie, les pirates s’attaquent aux institutions judiciaires et gouvernementales, véritables centres névralgiques du pouvoir. En Moldavie, ils investissent les réseaux d’une compagnie de distribution énergétique, secteur vital pour la stabilité régionale.

Tout cela révèle stratégie d’influence et de destabilisation à long terme, plutôt qu’un simple appât du gain. Les attaquants ne cherchent pas à paralyser immédiatement leurs victimes mais à s’y installer discrètement. Ils collectent méticuleusement les identifiants de connexion pour naviguer librement dans les systèmes, à la manière d’espions numériques parfaitement intégrés.

Derrière, le contexte régional amplifie la portée de ces intrusions. Ces pays, tiraillés entre influence occidentale et pression russe, sont des observatoires privilégiés des évolutions géostratégiques. En s’implantant dans leurs infrastructures critiques, Curly COMrades s’offre une fenêtre permanente sur les rouages du pouvoir.

MucorAgent, le malware qui maîtrise l’art de se fondre dans Windows

L’outil du groupe s’appelle MucorAgent, un logiciel malveillant d’une sophistication remarquable. Il est dangereux en ce qu’il exploite une faille conceptuelle de Windows : le détournement d’identifiants de classe, ou CLSID selon le jargon technique. Ces identifiants servent normalement à Windows pour reconnaître et lancer ses propres programmes.

MucorAgent cible tout particulièrement NGEN, un outil Microsoft destiné à accélérer les applications .NET en les préparant à l’avance. Imaginez NGEN comme un cuisinier qui prépare ses ingrédients avant le service : il optimise les logiciels pour qu’ils démarrent plus rapidement. Les pirates détournent ce processus en remplaçant discrètement certains « ingrédients » par leurs propres outils malveillants.

La ruse suprême consiste à exploiter une tâche automatique normalement endormie dans Windows. Cette tâche se réveille de façon sporadique, lors de moments d’inactivité ou d’installations logicielles, des instants imprévisibles qui échappent à la surveillance. Ainsi camouflé dans les mécanismes naturels du système, MucorAgent opère dans l’ombre sans éveiller les soupçons.

Quand les noms de hackers perdent leur glamour

Bitdefender explique de son côté avoir délibérément choisi une appellation peu reluisante pour ces cybercriminels. Fini les « Fancy Bear » ou « Wizard Spider » qui confèrent une aura mystérieuse aux pirates informatiques. « Curly COMrades » sonne un peu prosaïquement, et reflète leurs outils de prédilection : l’utilitaire curl pour les communications et les objets COM de Windows.

Cette évolution sémantique vise à démythifier l’univers du hacking. Les experts en sécurité reconnaissent aujourd’hui que les appellations prestigieuses participent involontairement au marketing de ces organisations criminelles. En adoptant des noms terre-à-terre, l’industrie espère ramener ces acteurs à leur réalité : celle de délinquants numériques ordinaires.

L’initiative pourrait faire école dans un secteur habitué aux références épiques et mythologiques. En dépouillant le cybercrime de son folklore romantique, les professionnels de la sécurité entendent recentrer le débat sur les véritables enjeux, c’est-à-dire la protection des infrastructures critiques et la préservation de la stabilité géopolitique.

Journaliste-reporter, responsable de l’actu

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